J’aime pas les rutabagas…

Posted on 19 mars 2011

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Nous faudrait une bonne guerre, le refrain est connu. Dès que cela sent un peu trop le roussi, allez hop, on y va de sa bonne guéguerre, histoire de montrer que c’est moi le chef et de se redorer un peu le blason. Alors allons y !

Notre vénéré étant au plus bas de sa popularité et à bout d’arguments puisque même l’extrêmisation droitère ne semble pas fonctionner, on en vient au dernier recours, la bonne vieille recette à papi, la guerre.

Et miracle, le sujet n’est pas difficile de trouver, l’odieux Kadahifi, celui-là même qu’il n’y a pas si longtemps l’on recevait en grandes pompes (oui, je sais) dans les jardins de l’Elysée. Celui-là même que l’on a laissé pendant plus de quarante ans commettre impunément toutes ses exactions. Celui-là encore devant qui personne ne faisait la grimace lorsqu’il s’agissait de lui vendre nos bombinettes et autres engins de destruction dont il use et abuse aujourd’hui… Et j’en oublie sans doute. Et peut-être des pires.

Que Kadhafi soit un dictateur, cela n’a rien de nouveau, et le monde a laissé faire tant qu’il y avait un intérêt économique. Qu’il tente désespérément de s’accrocher au pouvoir en utilisant la plus féroce répression, cela n’a donc rien d’étonnant. Qu’il faille faire cesser cette répression et, si possible, l’éloigner lui et tout son clan du pouvoir, je suis pour. Tiens, les ex soviétiques aujourd’hui proposent de reloger les japonais dans des bleds isolés de Sibérie, ce pourrait être une bonne idée pour le clan Kadhafi.

Mais a-t-on besoin pour cela de déclencher ce que l’on appelle pudiquement une « intervention » pour cacher qu’il s’agit purement et simplement d’une guerre ?

A quoi servent donc l’OTAN, l’ONU et toutes les autres organisations internationales ? On peut vraiment se le demander, tant les petits joueurs d’échec(s) qui nous gouvernent, s’amusent à passer outre quand ça leur chante.

Sauf qu’une guerre n’est jamais une affaire de rossignol, ce qu’ils semblent ignorer.

Une guerre, cela n’est jamais qu’un ignoble comptage de morts, la plupart du temps totalement inutiles (sauf aux marchands d’armes évidemment), et provoquant généralement l’effet inverse de celui escompté.

Que se serait-il passé si, en 1939, un petit hystérique à moustaches n’avait pas déclenché la guerre que l’on sait ? A moins d’une révolution de palais, sans doute serait-il paisiblement mort dans son lit, tout auréolé de sa gloire de furher.

Et pour en revenir au présent, quels effets ont eu les guerres d’Irak ou d’Afghanistan ? Ou pourquoi ne déclenche-t-on pas une guerre, pardon, une « intervention », contre Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ? Ou contre Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1990 au Yemen où la répression a fait une cinquantaine de morts vendredi.

A chacun de répondre à ces petites questions qui ne semblent pas vraiment préoccuper nos grands hommes. Quant à moi, la vue d’un militaire, même relooké en pin-up, ne me fera jamais bander, sauf à la vieille d’une crise d’apoplexie (et encore, j’en doute).

Nous sommes au XXIème siècle et s’il s’agit encore d’ajouter une boucherie à une boucherie (désolé pour les bouchers), plutôt que de trouver des solutions pour lesquelles l’on s’est dotés d’outils, d’instruments, d’institutions… Outre que je me demande bien pourquoi je paye ces outils, ces instruments, ces institutions… Je me pose souvent la question de savoir si nous sommes vraiment sortis de l’âge de pierre. Et si oui, pourquoi ? Si ce n’est que pour aller vers l’âge de bronze et du canon !

Pour le bronze, je veux bien. Mais pour le canon, il ne faudra jamais compter sur moi.

Dans son éditorial du Nouvel Obs d’hier, Laurent Joffrin qualifie « d’anti-sarkozystes pavloviens » (sic) ceux qui désapprouvent la décision de notre Vénéré de guerroyer contre Kadhafi. Anti-sazrkozyste, je ne me cache pas de l’être, mais même s’il m’exècre, ce n’est pas le personnage que « j’antise », c’est le système qu’il représente. Quant au bon toutou de Pavlov, je veux bien l’adopter, lui et ses réflexes. Va savoir pourquoi, le simple fait d’entendre le mot guerre, me donne toujours de l’urticaire.

Pour illustrer ce petit billet d’humeur, je n’avais pas envie de mettre l’image d’un joyeux militaire avec son pompon, sa pompom et sa mitraillette. Ceux-là, je me les réserve pour le défilé du 14 juillet, où au moins ils servent à quelque chose, agrémenter les Champs Elysées de leurs aimables bruits de bottes. J’ai donc hésité entre deux chansons, en apparence contradictoires, mais pas tant que cela en fait. Je vous livre donc les deux.

Matoub Lounes, Monsieur le Président…


Et Ferhat, Le déserteur de Boris Vian

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Dis le clebs, c’est pour quand la révolution !

 

 

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