Sa majesté des youplaboums…

Posted on 28 février 2011

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Il est rare que je me fatigue la cruche pour trouver le titre d’un papier. Lorsque j’écris, la plupart du temps, j’ai déjà un titre en tête, et ça coule de source. Ou bien le titre s’impose à un moment ou à un autre, lorsque ça lui chante en fait, un peu comme le rossignol.

Mais il arrive assez souvent que j’ai la boîte à pensées qui se balade deci-delà, ce qui n’a rien de grave, rassurez-vous. Et dans ce cas, comme ne le disent pas nos journalistes à audimat, il me faut une sorte de prompteur pour tisser le fil et qu’il ne s’emmêle pas trop les pinceaux en route. Bien souvent, c’est alors soit le titre, soit la première phrase de mon billet d’humeur qui me sert de fil d’Ariane (non, pas la fusée, l’autre ! Celle que rien qu’à penser à ses jupons, et te voilà sorti du labyrinthe.)

Aujourd’hui donc, je voulais titrer « sa majesté des mouches ». Mais cela existe déjà, et si vous n’avez pas lu le livre, je vous le recommande. Je me suis donc replié sur « sa majesté des guêpes ». Mais ce n’est pas la saison des guêpes, laissons les hiberner, elles nous piqueront bien assez tôt. Et puis j’ai tenté « sa majesté des dindons ». Mais le dindon de la farce, pas besoin d’avoir fait l’ENA pour savoir de qui il s’agira toujours….

Bref, je me suis presque retrouvé en cale sèche, ma pensée me faisant le coup de la panne d’essence, lorsque, miracle des miracles… hier soir à 20 heures tapantes, j’ai mis mes oeufs à durcir dans la casserole, et comme j’avais dix minutes à tuer, j’ai allumé la télé.

Bien m’en a pris, Seigneur, j’avais raté la messe du matin. Je suis tombé sur celle du soir.

Qu’elle ne fut pas ma joie, en effet, en attendant que mes oeufs durcissent, d’entendre un petit coup de Marseillaise, et après un joli fondu enchaîné, de tomber droit dans les yeux de notre Vénérée majesté…

J’en fus tout esbaudi. Mince alors, notre Vénérable me regardant tout drèt dans les yeux. Quel choc, j’en étais presque sous hypnose. Presque autant que lorsque m’éblouit le sourire de David Pujadas quand il commente un tremblement de terre en Haïti.

Et suprême surprise, non seulement notre Majestueux m’a regardé tout droit dans les yeux pendant sept minutes. Mais pendant sept minutes aussi, il est resté cloué sur sa chaise, tel un Jésus planté sur la croix. Fixe comme un « i » majuscule, mais avec le point sur la tête en moins. Pas une seule de ses petites gesticulations qui pourtant lui vont si bien, et font la joie des humoristes du monde entier, à commencer par Monsieur Kadhafi.

Non ! Zen comme après cinq heures de méditation, qu’il est resté notre Vénéré, pour nous réciter son sermon.

Bon, du sermon, je dois dire, je n’ai pas retenu grand chose, en dehors du fait qu’exit de M.A.M. et de notre cher ministre des auvergnats. Mais la charrette n’était pas assez grande sans doute, elle n’a emporté que ces deux-là.

Mes oeufs m’ayant rappelé à l’ordre, et n’ayant aucune envie d’écouter les commentaires sur cette somptueuse prestation, j’ai éteint la télé. Et en regardant mes oeufs tout droit dans le blanc, j’ai alors réalisé que notre Vénéré avait changé de tic-tac, pardon, de tactique.

Pour s’adresser à nous hier et éviter ses si plaisantes gesticulations, il avait eu recours à un prompteur.

Le prompteur, pour ceux qui ne le sauraient pas, ce n’est pas un alien. C’est un petit écran placé juste à côté de la caméra, sur lequel s’affichent les infos que vont nous lire les journalistes de l’audimat. Ce qui leur permet de ne pas se mélanger dans leurs petites notes et de nous regarder droit dans les yeux, avec le même sourire lorsqu’ils commentent la béatification de Sainte Lucie ou les ravages d’un tsunami.

Et bien notre Vénéré leur a recopié la technique. Sauf que, c’est une technique justement, et que l’on ne s’improvise pas promptiste sans tambour ni trompette. Dix ans d’études, au moins, qu’il faut pour faire la météo télévisuelle, ou Claire Chazal nous récitant la messe du 20 heures. Sans technique, vous risquez fort de nous montrer Valenciennes en Corse ou un ouragan à Saint Cucufat..

Bref, je ne commenterai pas les propos de notre Vénérable au regard de braise. Mais c’est un peu comme si… Et franchement, je le préfère nettement lorsqu’il ajoute le geste à la parole. C’est bien plus parlant !

Quant à mon titre, je l’ai trouvé dans la coquille de l’oeuf.

 

Et pour la révolution, allez donc le demander à la poule !